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  • Aujourd'hui, pas d'humeur à raconter ma vie... ça fait quelques jours d'ailleurs... tripes à fleur de peau, pluie collante, âme poisseuse.Puisque c'est comme ça je partage avec vous l'une de mes dernières lectures issue de Parles moi j'ai des choses à te dire de Jacques Salomé:

    « J'ai l'honneur de ne pas te demander ta main, ne gravons pas nos noms au bas d'un parchemin. »
    G. BRASSENS
    LE MARIAGE « SUR MESURE »
    Aux États-Unis se développe la pratique du contrat de mariage individuel, négocié par les deux signataires en fonction de leurs besoins et de leurs désirs propres, de leurs interrogations.
    Le contrat est en général enregistré chez un notaire, et, selon les cas, peut être ou non suivi d'un mariage à la mairie. Les deux conjoints conviennent alors qu'ils sont liés par les clauses du contrat, même si elles n'ont pas valeur légale aux yeux de l'État.        
    Voici, à titre d'exemple, un contrat parmi d'autres signé en 1976 par deux jeunes Américains de l'État de l'Ohio.
    1.  Définition - Pour Paul et Mary, le mariage est un engagement, affectif, spirituel et social. Par ce contrat, ils s'engagent à vivre ensemble pendant un temps donné, à approfondir leur union, à partager leur amour et leurs expériences.
    2.  Durée du contrat - Ce contrat est d'une durée de cinq ans. A la fin de la période, il pourra expirer ou être renouvelé. Ses termes pourront en être renégociés.
    3.  Signature du contrat - Ce contrat sera signé le jour qui semblera le plus commode aux deux parties. La signature ne sera accompagnée d'aucune cérémonie. Ceci étant une affaire privée, les parents ni les amis ne seront invités.
    4.  Conditions de la vie commune - Paul et Mary habiteront ensemble. Ce qui n'exclut pas de vivre en communauté avec d'autres. Toutes les tâches de la maison seront partagées. Elles seront accomplies principalement pendant le week-end. Mary s'abstiendra de hurler si les tâches ne sont pas accomplies avant le dimanche après-midi. Elle se réserve cependant le droit de rappeler à Paul ses obligations, mais ceci sera toujours fait avec tact et délicatesse-Paul s'occupera de la voiture de Mary. En échange, Mary fera la
    couture et le raccommodage pour Paul, mais elle ne se chargera pas de ses chaussettes.
    5.  Finances - Paul et Mary partageront, à égalité, toutes les dépenses courantes : loyer, charges de la maison, nourriture. Chacun conservera son compte en banque et évitera de dire à l'autre comment dépenser son argent. Si Paul et Mary veulent épargner pour un projet commun, ils ouvriront un compte commun à cet effet.
    Si l'un des deux partenaires est provisoirement au chômage, l'autre partagera son salaire, mais il ne sera pas tenu de partager ses économies. Chacune des deux parties aura sa voiture aussi longtemps que cela sera financièrement possible.
    6.  Disputes - Les disputes et désaccords ne seront pas forcément considérés comme néfastes à l'union des parties. Paul et Mary pensent au contraire que les disputes peuvent être utiles. Mais ils éviteront de se battre physiquement, ou de se séparer pour de longues périodes, alors qu'ils sont, l'un ou l'autre, encore en colère.
    7.  Communication — Un échange constant entre les partenaires est important pour qu'une relation fonctionne bien. Dans la mesure du possible, les portes seront toujours ouvertes entre Paul et Mary. Paul essaiera de parler à Mary lorsqu'il est en colère; il essaiera de ne pas lui opposer un mur de silence. Mary cherchera à garder le contact physique avec Paul, puisque c'est ainsi qu'il s'exprime le plus facilement. Mais Paul fera néanmoins des efforts pour verbaliser ses sentiments.
    8.  Fidélité - Les relations sexuelles de Paul et Mary ne seront pas exclusives. Celui qui choisit d'avoir des relations sexuelles avec une tierce personne n'est pas tenu -d'en informer l'autre. Il est cependant jugé préférable de ne pas en faire un secret, afin de ne pas interrompre la communication entre Paul et Mary. Ceux-ci sont d'accord pour garder aux relations avec des tiers un caractère secondaire par rapport à la relation principale.
    9.  Nom - Cette relation étant celle de deux individus autonomes, Paul et Mary ne souhaitent pas un nom qui transforme l'un des deux en un appendice de l'autre. Mary s'est battue suffisamment longtemps pour établir son identité. Elle refuse donc d'abandonner son nom et ne sera jamais présentée aux autres sous le nom de Mme Paul Smith.
    10.  Enfants - Paul et Mary sont d'accord pour ne pas avoir d'enfants pendant la durée de ce contrat. Paul ne voudra peut-être jamais d'enfants. Mary en est consciente et l'accepte. Si Mary tombe enceinte par accident, les parties devront en discuter. Mais comme un avortement serait une chose grave pour Mary et sans doute difficile à obtenir dans la région, Paul et Mary sont d'accord pour ne pas avoir d'« accident ».
    11.   Parents - Chaque partie aura avec ses parents les rapports qui lui conviendront, et acceptera l'attitude de l'autre à ce propos. Chacun garde cependant le droit de répliquer aux parents de l'autre, s'il estime qu'ils exercent sur lui des pressions insupportables.
    12.   Amis - Chacun conservera ses amis. Si Paul et Mary se font de nouveaux amis, ils se présenteront à eux comme deux personnes ayant entre elles un simple lien amoureux. Ils les laisseront s'interroger sur le lien légal qui les unit.
    13.  Contrôle de son corps - Chacun garde le contrôle de son propre corps. Aucune des deux parties ne cherchera à modifier l'apparence de l'autre. En particulier, Mary est d'accord de ne pas se plaindre ou faire des remarques à propos des boutons de Paul.

    14.   Divorce - Si l'une des deux parties désire un divorce, l'autre ne s'y opposera pas. Tout ce qui aura été acquis conjointement durant la vie commune sera partagé, et tout ce qui est propriété personnelle sera conservé.
    15. Terminologie — Les deux parties sont d'accord pour ne pas utiliser les vocables suivants à propos de leur union: « marié à », « mon mari », « ma femme », « ma fiancée », « mon épouse », « ma nana », ou tout autre terme impliquant une relation de dépendance.
    16. Amendements - Ce contrat pourra être amendé avec l'accord des deux parties. Les modifications seront ajoutées au contrat et paraphées par les deux parties.
    Signé .- Paul Smith, Mary Brown.
    Le commentaire de la journaliste du « Monde » est le suivant : « Le caractère pragmatique de cet arrangement peut prêter à sourire. Chacun s'en tient-il rigoureusement aux clauses du contrat ? De nombreux amendements ont-ils été déjà ajoutés au texte ? On peut se le demander. Mais il est évident qu'un parchemin de ce style n'est pas destiné à être brandi à chaque tournant de la vie conjugale.
    Comme le dit Marvin Sussman, professeur de sociologie américain qui mène une étude sur ces contrats, l'important c'est la discussion que le contrat suscite dans le couple avant l'engagement de vie commune. Elle permet de déceler les conflits potentiels et de commencer à les résoudre. Le contrat vaut évidemment aussi à titre de symbole : il permet de mettre en lumière les inégalités des lois et des coutumes régissant le mariage et de les faire, si possible, évoluer.
    Avec ces contrats, on est loin de l'imagerie traditionnelle : les deux êtres qui ne font qu'un, l'amour qui donne tout, le couple vitrine sociale, l'homme chef de famille, etc. Peut-on ainsi négocier ses sentiments comme de vulgaires kilos de pommes de terre ? Pas si simple. Mais oh peut au moins tenter de s'opposer à la force des choses. Et c'est ce que font, à leur manière, Paul et Mary. Rendez-vous dans dix ans. »

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